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La Prague que vous ne verrez pas

Igor Tchoukarine, né à Sherbrooke et  titulaire d'un baccalauréat en histoire (2000) de l'Université de Sherbrooke.
Igor Tchoukarine, né à Sherbrooke et titulaire d'un baccalauréat en histoire (2000) de l'Université de Sherbrooke.

Igor Tchoukarine

Prague est une ville magnifique. Sa richesse architecturale est des plus variées : styles roman, gothique, baroque-époustouflant. La ville possède aussi quelques perles inspirées de l'Art nouveau et même le cubisme. Prague, c'est aussi les mythes qui l'entourent. C'est la Prague «magique», celle des alchimistes et des astronomes de l'empereur Rodolphe II (mort en 1612), de l'atmosphère angoissante des récits de Franz Kafka et des tournées dans les tavernes de Jaroslav Hasek, auteur de la superbe satire Le brave soldat Chveïk et fondateur, en 1911, du «Parti du lent progrès dans les limites de la loi».

Le visiteur curieux et intéressé les trouvera dans les guides touristiques. Je n'ai pas la prétention de brosser un portrait général de cette ville. Je vous invite plutôt, au moyen de ces quelques lignes et de ces quelques photos, à découvrir une ville que j'aime. Mais parler de Prague après y avoir passé plusieurs années (j'y suis allé pour la première fois en décembre 2002) ponctuées d'allers-retours entre le Québec, Paris, Belgrade et Zagreb, voilà un exercice qui est loin d'être évident.

Des recherches à Prague

L'horloge astronomique de Prague fut achevée en 1914. On peut y lire les positions relatives du Soleil, de la Lune, des constellations du zodiaque et, parfois, des planètes les plus importantes.
L'horloge astronomique de Prague fut achevée en 1910. On peut y lire les positions relatives du Soleil, de la Lune, des constellations du zodiaque et, parfois, des planètes les plus importantes.

Un même lieu peut être abordé de diverses manières. De même, le rythme du touriste n'est pas celui du citadin; ceux-ci vivent la ville différemment. Mon emploi du temps a réglé ainsi mes découvertes. La préparation d'un doctorat sur l'histoire du tourisme dans la Yougoslavie socialiste, amorcé en 2004 à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS), à Paris, m'a amené à visiter archives et bibliothèques. Celles-ci, pour le bonheur et le malheur du chercheur, sont parfois cachées dans les recoins de bijoux architecturaux. Je pense ici à la bibliothèque slave, située au dernier étage du Clementinum, immense complexe développé par les Jésuites entre le XVIe et le XVIIIe siècles, ou encore au Centre français de recherche en sciences sociales (CEFRES), auquel j'ai été rattaché en tant que doctorant durant l'année universitaire 2007-2008, qui se trouve sous les toits d'un monastère bénédictin fondé au XIVe siècle. Si ces institutions se trouvent au centre de la ville, on ne peut en dire autant des archives nationales, excentrées et situées dans un quartier résidentiel, mais qui offrent aux chercheurs d'excellentes conditions de travail.